La Mécanique poétique d’Adama Sylla
du 22 mars au 22 avril 2023
Une exposition monographique parisienne consacrée au doyen photographe sur deux sites : à la galerie Talmart et à la galerie La La Lande à Paris.
Vernissage le 22 mars à partir de 18h
Commissariat : Ange-Frédéric Koffi
Les galeries Talmart et La La Lande, installées dans le quartier Beaubourg à Paris, s’associent pour exposer de concert le doyen photographe sénégalais Adama Sylla au mois de mars 2023. Les photographies seront présentées au public pour la première fois à Paris, après avoir été montrées à Saint-Louis du Sénégal en 2017 et en 2019 à l’Institut français, à Dakar en 2020 au Musée de la Femme Henriette-Bathily et à Lyon en 2021 à la galerie Regard Sud.
Sous le commissariat d’Ange-Frédéric Koffi, une double exposition, sur deux sites, articulant la présentation monographique du doyen photographe avec l’intervention sous-verre de l’artiste invité, Ilyes Messaoudi :
à la galerie Talmart :
une diversité des travaux noir et blanc du photographe réalisés de 1960 à 1980 au Sénégal, dans les années de construction d’un nouveau pays indépendant dont le président Senghor fait de la culture un levier politique majeur ;
Commissariat : Ange-Frédéric Koffi (extrait)
Agé de 30 ans en 1964, à son retour d’Europe, la perspective de devoir archiver et documenter son présent va s’intensifier, car Adama Sylla a conscience du tournant qui s’opère autour de lui. Parce que « la documentation, c’est la mémoire d’un pays, car le quotidien d’aujourd’hui, c’est l’histoire de demain », il va alors s’acharner à capter ces moments. Durant plus de 50 ans, il va acquérir et constituer une collection d’images qui viennent toutes ensemble cristalliser l’énergie de cette société en profonde mutation. Il apparaît aujourd’hui de manière récurrente dans l’œuvre du doyen, des motifs traditionnels qui, propres à l’identité du peuple sénégalais, posent la question de la contemporanéité de son Afrique.
Sur les traces des Saint-Louisiens Meïssa Gaye (1892-1982) et Mama Casset (1908-1992), l’œuvre de Sylla va, loin des images prises par les photographes reporters ou scientifiques occidentaux, mettre en lumière la modernité des formes principalement urbaines du Sénégal. Il faut rappeler ici que le portait et la photographie en studio sont des genres définissant à l’époque le propre des photographes africains. Entre les années 1930 et 1970, la profession de photographe offrait un statut social et une sécurité pécuniaire confortable (surtout à Saint-Louis du Sénégal). La société sénégalaise consomme la photographie, elle paie pour se faire immortaliser comme elle l’entend. La démocratisation du support photographique est pratiquement une histoire du passé et l’installation de studios photographiques sur le continent va amplifier cette dynamique.
L’œuvre de Sylla s’inscrit dans ce « mécanicisme de témoignage » visuel d’une évolution sociétale. Elle n’offre pas de réponse certaine, car bien que ne cherchant pas à être didactique, elle donne aux personnes qui s’y intéressent l’occasion de compléter une connaissance parcellaire de la photographie en Afrique. Car oui, Sylla est l’une de ces personnalités importantes de l’histoire de la photographie africaine. Il apporte à l’édifice la compréhension du continent et met en lumière les sophistications de la culture sénégalaise.
Poursuivant son archivage en étant attentif aux corps, aux regards, aux lignes et aux détails qui viennent composer ces images, Adama Sylla n’est pas dans un rapport esthétique. Il capte les histoires personnelles qui l’entourent. Par sa pratique acharnée, il développe une écriture propre à lui et surtout il révèle les vérités et les formes universelles qui nous unissent. Il dépasse la technique et se focalise sur l’acte de capter une collection d’instants.
Ange-Frédéric Koffi
Artiste photographe et commissaire d’exposition, il est né à Korhogo (Côte d’Ivoire), a partagé son enfance entre le continent Africain (notamment à Saint-Louis du Sénégal), en Asie et en Europe. Il est diplômé de l’école cantonale d’art de Lausanne (ECAL, Suisse).
Il a été récemment nominé pour les prix FOAM 2022 (Amsterdam) et vient de terminer une résidence au Zeitz Mocaa (Cape Town, Afrique du Sud). La Galerie Cécile Fakhoury présente la première exposition personnelle d’Ange-Frédéric Koffi, à Abidjan, intitulée Territoire des perceptions, Sérénade des formes, du 26 janvier au 31 mars 2023.
