Exposition
“Atlas Chimérique”

à la galerie
du 17 février au 16 mars 2023

– Téo Becher & Solal Israel
– Michel Couturier
– Victoire Thierrée
– Elise Guillaume
– Aliki Christoforou
– Bertrand Cavalier
– Naïmé Perrette
– Lucas Leffler


Commissariat : Sara Anedda

Vernissage jeudi 16 février à partir de 18h30

— Dossier de presse à télécharger

Atlas chimérique Galerie Talmart

Dans le sillage du précédent volet de cette double exposition du Centre Wallonie-Bruxelles / Paris à la Galerie Talmart, Atlas Chimérique1 continue de sonder différentes cartographies fracturées, ainsi que la complexité d’appréhender les spécificités d’environnement façonnées par ce que d’aucun.e nomme le Capitalocène.

Par-delà la dichotomie nature / culture, sept artistes posent leur regard et interrogent des espaces «aliens», où les traces de l’intervention humaine s’enchevêtrent aux éléments dits «naturels», tout en modelant des paysages à arpenter, où faire vagabonder nos esprits. Une impression d’évanescence poétique de la réalité s’en dégage, autant qu’une atmosphère ambivalente aux accents fictionnels, entre apocalypse et palingénésie.

Si les empreintes de l’urbanisme se font plus rares et silencieuses dans ces écosystèmes intriqués, l’approche singulière que chacun.e de ces artistes consacre à ces territoires hétérogènes en souligne les hybridations et la résilience. Les nouvelles narrations et mythologies qui en découlent peuvent s’appuyer sur le déploiement de différents médiums – photos, vidéos – pour étendre leur réceptivité sensorielle.

Interroger la notion d’«atlas» à l’heure actuelle permet à ces créatrices et créateurs d’aborder la poésie et l’abstraction, tout en liquéfiant les frontières entre l’«humain» et le «naturel» de ces non-lieux contemporains.

1. Les atlas de paysages permettent de recenser et de qualifier les paysages, sur la base d’outils et méthodes plus ou moins standardisées de cartographie, d’observation et d’évaluation. Leur objet consiste à décrire et qualifier tous les paysages rencontrés, qu’ils soient ruraux, urbains ou péri-urbains, naturels ou construits, banals ou exceptionnels.

Tandis que Michel Couturier arrête sa caméra sur le quotidien déshumanisant des paysages industriels siciliens, Victoire Thierrée analyse au travers de cadrages différents les contradictions viscérales de l’île d’Okinawa – où la nature sauvage côtoie la forte présence militaire américaine.

Le non-lieu devient image mentale avec la série de polaroids Where I Learn To Breathe d’Elise Guillaume, instants saisis dans une réserve naturelle qui borde une zone d’intenses trafics commerciaux, sur fond de crise climatique.

On retrouve un arrière-plan spéculatif similaire dans les tirages en noir et blanc d’Aliki Christoforou, qui cristallisent cette sorte d’«éternité minutieuse d’une catastrophe au ralenti»2, digne d’une Atlantide contemporaine.

Dans le travail vidéo de Bertrand Cavalier, déjà présent dans la précédente exposition du CWB à la Galerie Talmart en janvier / février 2023 – Topographies Sensibles – au travers d’une métaphore presque «picturale» l’artiste interroge notre environnement urbain et sociétal.

Les oeuvres de Naïmé Perrette, réalisatrice et plasticienne, abordent la manière à travers laquelle les sociétés représentent et façonnent leur territoire, de l’incongruité du concept de «nature originelle» à la difficulté résolument humaine à appréhender celui d’«écologies complexes».

Lucas Leffler, photographe à la pratique expérimentale, interroge le médium et les limites de sa matérialité tout en révélant «une nature majestueuse, presque surnaturelle, à la matière quasiment
palpable» (carrefourdesarts.be).

Sara Anedda

2. Jean Baudrillard, Amérique, Ed. Grasset, Paris.

CWB Paris

Direction Stéphanie Pécourt

Loin de constituer un mausolée qui contribuerait à la canonisation de l’héritage patrimonial de la culture belge francophone, le Centre est un catalyseur situé de référence de la création contemporaine dite belge et de l’écosystème artistique dans sa transversalité.
Au travers d’une programmation résolument désanctuarisante et transdisciplinaire, le Centre est mandaté pour diffuser et valoriser des signatures d’artistes basé·e·s en Fédération Wallonie Bruxelles. Il assure ainsi la promotion des talents émergents ou confirmés, du périphérique au consacré. Il contribue à stimuler les coproductions et partenariats internationaux et à cristalliser une attention en faveur de la scène dite belge.

cwb.fr

En 2023, le Centre, dont la programmation se déploiera en première partie de l’année dans des modalités déterritorialisées, présentera une saison nommée Trouble-Fête#Cosmogonies spéculatives, qui s’ouvre par un premier amarrage en la Galerie Talmart où deux expositions, au travers du médium
photographique et de l’image en mouvement, sonderont les questions de territoire, l’espace, les formes, les conditionnements et les intrications. Les regards des artistes invité.es à exposer ouvrent aux possibilités de décohérence, de décoïncidence et à celles de fictionnaliser nos perceptions, comme encore ils proposent des visées en parallaxe sublimant le périphérique, les interstices.
Ces deux expositions inaugurent une saison qui agrégera des démarches situées et non enlisées dans cette époque dite de l’après, traversée par l’émergence de nouveaux récits, alliances et façons d’articuler la réalité et de s’en emparer. De cette confuse époque prométhéenne, se donne pourtant à percevoir, le jaillissement de nouvelles cosmogonies.
Notre saison entend donner voix aux intuitions préthéoriques et métathéoriques, valoriser des pluralités de mondes possibles et accorder une tribune à celles et ceux qui s’aventurent dans un paysage transformé et racontent de nouvelles histoires pour reprendre les mots de la philosophe américaine Starhawk.

Stéphanie Pécourt