Impressions de cinéma japonais – Exposition de Jean-Marc Forax

à la galerie
du 7 décembre 2022 au
7 janvier 2023

Vernissage samedi 10 décembre 18h

Performance de Rakugo par Stéphane Ferrandez sur un texte de Sandrine Garbuglia en relation avec l’exposition.

 

Jean-Marc Forax

Younes Baba-Ali, Panne de foi, 2021

IMAGES DE MÉMOIRE

Ceci n’est pas une histoire du cinéma japonais

Ceci n’est pas une histoire du cinéma japonais. Mais plutôt un regard sur le cinéma japonais, au prisme d’une mémoire singulière de spectateur, déclinée en impressions : les impressions visuelles laissées par le film, gravées d’abord dans la mémoire, puis dans la matière de la matrice de lino, impressions à l’encre enfin.

Se souvenir, revoir le film, arrêter alors l’image mouvante, par la pause, puis la reproduire par le geste patient de la gravure : fixer l’image pour fixer un souvenir. De l’image photographique, le graveur garde les contours, une certaine idée, recompose à grands traits, attirant cependant l’attention sur des détails qui à d’autres étaient imperceptibles ; ne pourrait-on pas décrire de même manière certaines opérations de la mémoire ?

Jean-Marc Forax

Arrêt sur image

Raymond Bellour a noté, dans L’Entre-images, à quel point la possibilité de l’arrêt sur image introduite par la circulation des cassettes vidéo avait modifié le rapport de l’analyste au film, et jouait un rôle dans son appréhension mémorielle : « on découvre des choses insensées, parfois tout autre chose que ce qu’on cherchait », rappelle-t-il dans un entretien. Ce geste « rapproche le film du livre ».

La gravure, dans cette série, est le prolongement et la variation créative de ce geste analytique hérité de la vidéo. Ici, non seulement l’artiste arrête le temps de l’image, conférant au photogramme une autre durée, et résumant le plan, la séquence et le film de façon singulière ; mais Jean-Marc Forax pratique aussi sur l’image numérique une deuxième intervention. La linogravure fonctionnant comme un négatif, l’empreinte doit être gravée à l’inverse du motif visé. Le noir de l’image est déjà dans la matière de la plaque. En vue du dessin préparatoire, le photogramme choisi dans le fichier numérique est inversé au moyen d’un logiciel avant d’être reproduit et interprété au crayon sur la plaque.

Extrait du texte d’Anastasia Rostan

 

Jean-Marc Forax

Jean–Marc Forax


Né en 1984, Jean-Marc Forax est diplômé des Beaux-Arts de Paris où il s’est spécialisé dans le dessin et a expérimenté autour du rapport du cinéma aux arts graphiques. Il a obtenu en parallèle une licence LLCE de japonais et a rédigé un mémoire de Master autour de l’interdépendance des arts dans le cinéma de Hiroshi Teshigahara.

Il séjourne régulièrement au Japon. C’est au cours de ces voyages qu’il a découvert la figure du « Jizô » auquel il a consacré son premier livre, paru en 2012. En 2018, paraît Splendeur et décadence de la vie de Jean-Marc Forax, aux éditions Aka, un projet inspiré de la vie quotidienne et de la forme du haïku, et qui comportait déjà une inspiration autobiographique.

Il expose régulièrement en France et au Japon.

Depuis 2018, ses travaux portent sur la question du souvenir en lien avec la culture japonaise : ainsi, le Matsuri japonais a inspiré des séries d’aquarelles et de gravures, qui tentent de saisir le mouvant de la sensation de son expérience de ce festival.

À partir de 2021, il se consacre à une série de linogravures et d’aquarelles autour du cinéma japonais.

« La démarche de Jean-Forax se nourrit de diverses inspirations, du cinéma au dessin classique en passant par l’art vidéo. L’image se trouve au centre de son questionnement artistique : le rapport entre image fixe et animée est une question essentielle dans sa pratique. Et au-delà, le rapport de l’image avec la mort […]. Son intérêt pour l’image cinématographique est vaste : il touche aussi bien les classiques de l’art européen que du cinéma japonais, dont il maîtrise la langue. Cela l’a conduit à élargir son approche du sacré. »

Marc Monsallier (extrait du texte d’accompagnement de l’exposition « Jizô, divinité japonaise », 2012, Galerie Talmart)

Jean-Marc Forax