Les manœuvres – gestes de démiurges
Ndary LO & Yazid OULAB
du 23 novembre au 23 décembre 2023
Commissariat : Cindy Olohou
Et si au commencement de l’œuvre était le geste, un geste qui articule, qui agence, qui organise ?
Ndary Lo et Yazid Oulab partagent ce rapport primordial à la main, au geste. Le premier crée des personnages qui sont des devenir animés de la volonté de puissance nietzschéenne tandis que le travail de Yazid Oulab part de la main, premier outil de création. L’art émane d’un geste d’ouvrier, un acte que l’artiste transcende dans un élan de vie. « Du manœuvre à l’œuvre au chef-d’œuvre » de Yazid Oulab rappelle la théorie des trois vies de la matière que Michel Tournier développe dans Les Météores et dont s’inspire Ndary Lo : la matière première, l’objet fini et le troisième âge, celui qui dépasse et sublime l’objet.
Sandrine Saïah, REGARD 1, 2023, série Regards ubiquistes,
impression numérique sur papier Hahnemühle, 100×52, premier tirage sur 6.
L’exposition Les manœuvres – gestes de démiurges réunit le travail de Ndary Lo, sculpteur façonnant le métal, connu pour ces longues silhouettes de personnages saisies dans la fougue d’un mouvement, et les œuvres de Yazid Oulab, plasticien pluridisciplinaire dont le travail polysémique explore des thématiques telles que le sens de la vie et la transmission.
Tous deux influencés par le soufisme, Ndary Lo et Yazid Oulab partagent cet élan, à la fois aspiration ascensionnelle et quête d’élévation.
Ce désir de transcendance s’exprime chez Ndary Lo par ses Envols, dont deux sont l’aboutissement de Tawaf (circumambulation autour de la Kaaba à La Mecque) : tournés vers le ciel dans un geste puissant de don de soi, ils sont tout entier tendus vers l’élévation.
Ndary Lo, Rosace douze envols, 2012,
35 cm / l. 70 cm / profondeur 70 cm, fer à béton.
Yazid Oulab, Charpentier 1, 2023,
graphite et acrylique sur papier, 110 x 175cm
Chez Yazid Oulab, cette quête s’incarne dans un travail minutieux et symbolique des matériaux, notamment la bûche du charpentier, les clous et le manteau de laine. Ses œuvres mettent en jeu une triangulation anagogique, l’angle étant la racine du mot zaouïa, lieu de retraite et d’enseignement des maîtres soufis.
Les résonances mystiques qui animent les œuvres de Ndary Lo et de Yazid Oulab sont des mains tendues vers l’avenir, des liens nous connectant au monde et au sacré du bout des doigts.
Cindy Olohou